Ils aident des assassins d’enfants à échapper à la justice, mais c’est pour la bonne cause.
VACCINE BREAK
Saison 1 – Épisode 1
– Mickael: Pssst ! Lincoln !
– Lincoln: Mickael ? Qu’est-ce que tu fais là ?
– Mickael: Je me suis fait arrêter. Exprès. J’ai braqué une banque pour te retrouver.
– Lincoln: Ah bon ?
– Mickael: Oui, je vais nous faire évader, frangin, …
– Lincoln: Non, c’est bon, merci.
– Mickael: …toi et moi on va… Hein ? Quoi ? Comment « non c’est bon merci » ?
– Lincoln: C’est bon, c’est réglé. Je sors tout à l’heure.
– Mickael: Lincoln, tu fais une dépression ou quoi ? C’est l’isolement ? Ils disent que tu as tué le frère du vice-président. Tu es condamné à mort ! Alors toi et moi on va…
– Lincoln: Non, mais c’est réglé, ça. J’ai tout bien expliqué, c’est pas de ma faute. C’est les vaccins.
– Mickael: Les vaccins ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?
– Lincoln: Les vaccins. Tu savais qu’un vaccin pouvait provoquer exactement les mêmes symptômes qu’une balle en plein cœur ?
– Mickael: …
– Lincoln: C’est vrai, et comme dans une pub Actimel, c’est scientifiquement prouvé.
– Mickael: Qu’est ce que c’est que ces conneries ? Il peut pas exister une étude scientifique qui soutienne ça.
– Lincoln: Bien sûr que si. C’est moi qui l’ai écrite.
– Mickael: Mais … Mais … Le plan de la prison… Les tatouages… Ça fait un mal de chien. Surtout pour le plan du tunnel, y avait plus de place nulle part alors j’ai dû tatouer ma…
– Lincoln: Oui, oui, tu me raconteras ça autour d’une bière, on vient me chercher là.
– Bullock: LINCOLN ! Tu sors !
– Lincoln: Super ! Est-ce que mon frère peut venir ? Il a pas braqué cette banque en fait. C’est les vaccins.
– Bullock: Est-ce qu’il a une publication scientifique ?
– Mickael: …
– Lincoln: Il en aura une demain.
FIN DE LA SÉRIE.
Si la réalité dépasse la fiction, c’est parce que la fiction se doit d’être vraisemblable
Il est évident que cette série aurait eu beaucoup moins de succès si l’intrigue avait été résolue en quelques minutes. Et puis surtout, on y croit pas du tout. C’est pas réaliste. C’est basé sur une histoire vraie, mais c’est pas réaliste. Parce qu’il y a des histoire d’anti-vaccins des fois, on se demande si on est pas en train de rêver.
Disséminer le doute, propager des mensonges, collectionner des anecdotes-qui-font-peur au sujet de l’autisme, de la mort subite du nourrisson, de l’épilepsie, est dommageable pour la population toute entière et particulièrement pour les enfants. Ne pas se vacciner, ou même simplement retarder les vaccinations de quelques mois a des conséquences mesurables. Mais il existe une catégorie spéciale d’opposant à la vaccination, qui pousse l’intégrisme dans ses derniers retranchements. Des gens pour qui mentir et manipuler n’est pas suffisant. Des gens pour qui mettre un terme à toute vaccination passe aussi par la protection des assassins d’enfants.
Peut-on mentir pour la bonne cause ? Celui qui raisonne avec ses tripes plutôt qu’avec son cerveau est souvent forcé de répondre oui. En l’absence d’arguments rationnels, que reste-t-il si ce n’est mensonge et manipulation ? Mais quand-même, protéger les assassins d’enfants ce serait pas un tout petit peu exagéré ?
On exonère pas une personne simplement parce qu’elle a fait une vidéo poignante sur Youtube.
Savez-vous qu’il y a des gens sympathiques qui commettent des crimes horribles ? Qu’il y a des gens laids qui sont innocents ? Qu’il y a des gens beaux qui mentent au fisc ? C’est la raison pour laquelle le système judiciaire est relativement complexe: Pour échapper à la prison, il arrive que certains mentent.
Le « syndrome du bébé secoué » (Shaken Baby Syndrôme, ou SBS) est extrêmement grave. C’est un traumatisme crânien qui touche les nouveaux-nés et les enfants en bas âge. Il peut entraîner des séquelles neurologiques permanentes, voire la mort. C’est aussi un signe manifeste de maltraitance. Pas pour tout le monde cependant, puisque certains affirment que les vaccins peuvent provoquer exactement les mêmes symptômes. C’est pas de chance, quand même. Malheureusement ce ne sont jamais les bonnes personnes qui l’affirment. Ce serait plutôt les gens qui n’aiment pas les vaccins, et les gens qui sont accusés de maltraitance, et les gens qui sont payés par les gens qui sont accusés de maltraitance. Mais comme ce ne sont jamais les spécialistes, comme ce ne sont jamais les chercheurs, il n’existe pas la moindre donnée scientifique crédible pour soutenir cette affirmation fantaisiste.
Et donc, voilà que les gens qui n’aiment pas les vaccins, et les gens qui sont payés par les gens qui sont accusés de maltraitance, se retrouvent alliés de circonstance pour accuser les vaccins et faire libérer les gens accusés de maltraitance. Bien sûr, en l’absence de toute donnée scientifique, le résultat n’est pas glorieux. Jusqu’au jour ou quelqu’un, qui n’aime pas les vaccins et qui est en même temps payé par les gens qui sont accusés de maltraitance, décide que puisqu’il n’existe pas de donnée scientifique crédible, il est plus que temps que quelqu’un se décide à produire ses propres données scientifiques pas crédibles.
Le jumeau diabolique
Il était une fois deux publications scientifiques.
L’une s’appelle « Clinical Medicine & Research » et l’autre « Clinical Medicine Research » sans le « &« .
L’une est indexée sur « Medicus/MEDLINE, EMBASE, SCOPUS, Emerging Sources Citation Index, CAS, CINAHL, EBSCOhost EJS, Index Copernicus » et est archivé sur PubMed.
Quand l’autre dit qu’elle est indexée, elle tente de créer la confusion. Elle cite des bases de données généralistes ou sans légitimité, qui par définition acceptent n’importe qui. Par exemple, ils sont sur « WorldCat database », à coté des CD des DVD. Super ! Ils sont sur « Research Bible ». Youpi ! Le probablement très très sérieux site qui a choisi un très très sérieux nom « Universal Impact Factor » n’existe plus. À la place, se trouve le type de message qu’affiche un hébergeur quand il y a des factures impayées. Woohoo !
Donc l’une est indexée sur les bases de données scientifiques et l’autre n’est indexée nulle part ou ça compte pour un scientifique et on ne l’a jamais vu sur PubMed. Mais eh! Il y a une page web ou on peut entrer son numéro de carte bleu. C’est presque pareil. Non ? Non.
L’une est une publication, l’autre est une arnaque.
Devinez à qui va s’adresser quelqu’un qui n’aime pas les vaccins et qui est en même temps payé par les gens qui sont accusés de maltraitance quand il se décide à produire ses propres données scientifiques pas crédibles ?
Science PG (qui tente de créer la confusion avec le réputé Science), gère cette arnaque et publiera n’importe quoi si on y met le prix:
- La formule d’Einstein E= mc2 a changé, c’est maintenant E =1/22 mc2.
- Le Karma a été prouvé mathématiquement.
- Chaleur et gravité se repoussent mutuellement.
Ces « études » et d’autres du même genre sont des niaiseries que les chercheurs font publier à dessein quand ils veulent montrer le manque de sérieux d’un éditeur. Dans le cas de Science PG (ou Science Publishing Group), le doute n’est pas permis: On peut cracher sur la science et s’essuyer les pieds sur la réalité pour la modique somme de 500 dollars. Pour qui a une idéologie à défendre, ce serait dommage de se priver.
Sur les épaules des géants, pour leur faire les poches.
À quoi sert le système de publication scientifique ? Si un chercheur prend la peine de publier ses travaux, c’est avant tout pour permettre à d’autres chercheurs d’avoir accès à ces données. Pour permettre aux suivants de répliquer, reprendre, et continuer les travaux que d’autres ont commencé. C’est pour cette raison que les articles qui sont soumis sont évalués par d’autres scientifiques, qui pourront commenter, proposer des corrections, valider ou rejeter ce qui leur est soumis. On appelle cela la revue par les pairs (peer review) et c’est la pierre angulaire de la recherche scientifique. À moins, bien sûr, que l’on soit dans le business pour faire un max de fric en un minimum de temps. Dans ce cas, l’étape de validation serait plutôt un vague obstacle qu’il convient de mentionner et oublier. Si on fait le test, on s’aperçoit qu’un faux scientifique, créé de toute pièces avec de fausses informations qui pourraient être réfutées en quelques minutes, est accepté pour faire partie de l’équipe de validation des articles dans un tiers des cas quand il s’agit de la liste des publications prédatrices, et jamais quand il s’agit d’une publication sérieuse. Littéralement n’importe qui, généralement personne de qualifié, voire absolument personne, peut faire parti de l’équipe de validation. Il n’est dans l’intérêt d’aucun chercheur sérieux de publier dans ces lamentables revues, sous peine de perdre toute crédibilité. Seuls s’y complaisent ceux qui n’ont pas réussi à publier dans une véritable revue, ceux pour qui la fin justifie les moyens. Et donc …
Comme le dit Moi-Même: « J’ai raison! ». Donc, j’ai raison.
Michael D Innis est hématologue à la retraite. Il est rémunéré par des gens accusés de maltraitance pour donner son avis sur ce qui ne faisait déjà pas partie de son domaine de compétence quand il était encore en activité. Il affirme, par exemple, qu’un vaccin peut provoquer des fractures. Comme la communauté scientifique n’est pas de son avis, il décide donc de s’auto-citer et dans l’arnaque sus-citée il publie : « Autoimmunity and non-accidental injury in children« .
Tout d’abord, constatons que ce n’est pas une étude. C’est ce qu’on appelle un « case report« . C’est l’opinion de l’auteur sur une anecdote. Scientifiquement, un case report n’a aucune valeur en soi. De plus, l’auteur nous explique son opinion sur cette anecdote en se basant sur une étude rétractée. Ce n’est pas une erreur de sa part, il le sait. C’est comme s’il disait: « Si l’on en croit mon comptable, arrêté pour fraude fiscale, on peut faire des économies d’impôt très facilement si l’on suit ses conseils ». Il cite une étude de Wakefield, rétractée pour fraude et ajoute « retracted » entre parenthèses. Hilarant. Ridicule. Lamentable. Plus c’est gros, plus ça passe, visiblement.
En conclusion
Le lobby anti-science, qui pour des raisons irrationnelles aimerait bien qu’on cesse d’utiliser les vaccins apporte son aide à des assassins d’enfants. Quand on le leur signale, ils vous répondent par une variante de la défense Chewbacca, avec des opinions, des études qui n’en sont pas, publiées dans des revues qui n’en sont pas, confirmant par la même que ce dont on les accuse, et qu’ils entendaient réfuter, est tout à fait justifié.
» Si on fait le test, on s’aperçoit qu’un faux scientifique, créé de toute pièces avec de fausses informations qui pourraient être réfutées en quelques minutes, est accepté pour faire partie de l’équipe de validation des articles dans un tiers des cas quand il s’agit de la liste des publications prédatrices, et jamais quand il s’agit d’une publication sérieuse. »
Le sens de cette phrase m’échappe un peu.
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Dans le cadre d’une étude, des chercheurs ont envoyé un CV bidonné à des centaines de publications en demandant à faire partie de l’équipe de validation. Les publications correctement indexées ne s’y sont pas laissé prendre, les autres n’ont pas fait le plus élémentaire travail de vérification. En suivant le lien dans le texte, vous aurez plus d’informations.
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