Initiative Rationnelle, bonjour. Merci de répondre à nos questions.
Bonjour à vous, merci de me donner l’occasion de m’exprimer dans mes propres pages. Je sais qu’en tant qu’artifice de mise-en-scène vous n’êtes pas réel, mais c’est néanmoins très aimable à vous.
Avant de nous parler de votre vie de troll, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le contexte ?
Avec plaisir. Bernard Guennebaud se présente comme mathématicien. Il a de nombreuses théories à propos de nombreux sujets, qui tournent tous autour des vaccins et il arrive que ses théories soient contredites, généralement par la réalité.
L’expérience montre que l’argumentation qu’il développe n’a que l’apparence de la rationalité. En effet, confronté à une erreur, toutes les stratégies sont mises en œuvre afin de ne pas avoir à modifier les conclusions. Présentez lui simplement les arguments qui contredisent ses affirmations, il répondra à 98,9% par de longues interventions hors sujet. Par une analyse rigoureuse et systématique de ses arguments montrez lui que son raisonnement est infondé, et il vous expliquera pour quelle raison il a choisi de se fier à son opinion plutôt que de réviser ses conclusions en accord avec la méthode rationnelle.
C’est une pratique pseudo-scientifique courante, qui consiste à rechercher les arguments qui viendront renforcer une opinion préconçue. Elle est courante parce qu’elle est terriblement efficace. Pas du tout efficace lorsque le but est la connaissance du monde qui nous entoure, mais terriblement efficace, lorsque le but est de « gagner » une discussion. Dans ce cas, la méthode à l’efficacité d’une attaque de zombies.
C’est à dire ?
C’est à dire que les arguments tués à coup de réel se relèvent et repartent à l’assaut jusqu’à épuisement du contradicteur qui finit par être dévoré sous le nombre.
Dernièrement, dans une nouvelle envolée, Bernard réitère. C’est une redite d’un raisonnement qui a déjà été réfuté: Une étude cas-témoins est incapable de garantir que le groupe étudié est représentatif, ce qui interdit à Bernard de faire ce qu’il fait ici à moins que le groupe étudié représente justement la totalité des cas. Or Bernard est incapable de savoir, au sein de la cohorte de cas, quelle proportion de SEP représente le groupe étudié ici. Il a choisi, sans aucune information allant dans ce sens, que les SEP de l’étude représentent toutes les SEP existantes. Après avoir sélectionné les prémisses conformes à ses opinions, il a logiquement obtenu un résultat conforme à ses opinions: la vaccination est responsable.
Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis que son erreur lui avait été notifiée, et bien que Bernard n’ait pas de réponse rationnelle à apporter il est clair, avec cette nouvelle variation sur le même thème, que le fait qu’une chose soit fausse n’est pas une raison suffisante pour qu’il cesse d’en parler.
Mes messages ont commencé assez classiquement: Récapituler les bases, demander des précisions, et attendre une avalanche de messages en retour. La réponse « Au nom de quoi voudriez-vous interdire de tester par une modélisation par Poisson appliquée uniquement aux cas ? » était suffisante pour constater que Bernard faisait ici aussi la même erreur en imaginant que dans une étude cas-témoins les cas sélectionnés sont représentatifs de l’ensemble des cas existants. C’est un zombie.
Donc troll contre zombies ?
Tout à fait. Le point avait déjà été réfuté, j’y ai vu là l’occasion de tenter quelque chose. J’ai décidé sur cette conversation, et cette conversation uniquement, que j’allais m’essayer à une argumentation biaisée. Je me suis attaché à prouver une idée préconçue (la vaccination est hors de cause) indépendamment du fait qu’elle soit vraie ou fausse, par n’importe quel moyen. Après quelques passages hésitants, j’ai vite trouvé mon rythme avec des raisonnements totalement irrationnels et des affirmations tout simplement fausses. Tous était permis, sauf bien sûr la chose la plus importante: Donner la vraie raison, connue depuis des mois qui fait que le raisonnement est invalide: Bernard ne sait pas combien de SEP contient la cohorte KIDSEP.
Quel était votre but ?
Il arrive que des personnes soient dans l’erreur pour toutes sortes de raisons:
- Parce qu’elles n’ont pas pris le temps de penser au problème, (« on me dit que c’est mal, ça doit être vrai »)
- parce qu’elles y ont pensé mais ont des informations erronées en main, (« L’efficacité n’est pas prouvée »)
- parce qu’elles y ont pensé, ont toutes les informations en main mais appliquent un raisonnement invalide, (« Ce n’est pas naturel »)
- ou parce qu’elles y ont pensé, ont toutes les informations en main, appliquent un raisonnement valide mais refusent d’y souscrire pour des raisons irrationnelles indépendantes du problème. (« Dieu a dit: ne mélangez pas les valences de vaccins différents »)
La méthode rationnelle est une connaissance qui, comme n’importe quelle autre connaissance ne vient pas naturellement. Certaines personnes appliquent un raisonnement invalide parce qu’elles ne savent simplement pas faire la différence avec un raisonnement valide. Il était intéressant de savoir si Bernard est dans ce cas, ou s’il est capable de raisonner correctement mais refuse de souscrire aux conclusions pour des raisons irrationnelles indépendantes du problème.
Le but premier est donc de proposer des raisonnements invalides à Bernard pour voir s’il est capable de les réfuter et confirmer le doute qu’il est « capable » de vois ses propres failles des raisonnement mais qu’il décide de passer outre.
La deuxième raison est que c’est rigolo.
Est-ce qu’on peut mentir pour la bonne cause ?
C’est effectivement une question que j’aime poser à l’occasion. Non, on ne doit pas mentir pour la bonne cause. C’est un calcul à court terme qui est totalement inefficace sur le long terme. Du reste, comment savoir quelle est la « bonne » cause si ce n’est en comparant les arguments ? À force de mentir pour la bonne cause en se basant sur des arguments d’autres qui mentent pour la bonne cause, la cause peut ne pas être si bonne que ça en définitive.
Dans le cas présent la situation est différente dans la mesure ou expliquer la démarche et raconter ensuite toute l’histoire était la motivation première. Un peu comme une expérience sociologique ou l’ignorance du sujet fait parti des prérequis, ou lorsque vous entrez dans une pièce et que tout le monde crie: Surprise !
Vous avez trouvé des choses intéressantes ?
Bernard sait reconnaître une trahison des sources. Lorsque je lui dit qu’aucun témoin n’a été vacciné, il a su trouver dans l’étude ou se trouvait le nombre de témoins vaccinés. Pourtant, il a lui même été contredit à de très nombreuses reprises par cette étude. Mais dans ce cas, les contradictions sont soit ignorées, soit sont la preuve que c’est l’étude qui est dans l’erreur.
Bernard sait reconnaître un raisonnement mathématiquement correct mais n’ayant aucun sens. Lorsque je calcule l’odds ratio avec une méthode toute personnelle, il a su réagir et montrer qu’on ne pouvait pas faire ce qu’on veut avec n’importe quel chiffre. Pourtant, lorsqu’on lui signale qu’il est faux de faire des rapports de proportion dans une étude cas-témoins, il choisit de faire malgré tout cette opération mathématiquement correcte, mais n’ayant aucun sens.
J’aurais aimé que Bernard remarque l’utilisation d’arguments ad hoc pour sauver la situation, comme quand « aucun vaccinés » devient « ni tous vaccinés, ni aucun ». C’est la même situation que l’on retrouve lorsque Bernard a vu réfuter l’argument sur l’utilisation des données anonymisées après que l’argument sur l’utilisation des données non anonymisées ait été réfuté après que l’argument sur la facilité d’utiliser les données d’une étude pour une autre ait été réfuté après que l’argument « deux publications pour une étude » ait été réfuté, etc.
Que retenez vous de l’expérience ?
Content d’avoir essayé, mais pas ravi du résultat. Au final peu de surprises. Bernard est « capable » de voir les failles de raisonnement qui ne le concernent pas et persiste à propager le siennes camouflées sous une complexité artificielle. Après une déconnexion forcée de quelques jours mon attrait pour la polémique s’est rapidement estompé. Il y a plusieurs arguments que je considère comme corrects que Bernard a incorrectement réfuté et que je ne détaillerai pas parce que les prémisses sont infondées.
N’est-ce pas un peu facile de dire que vous avez fait exprès de vous tromper ?
Le commentaire de Bernard était de la forme « La glace prends feu à 100°C, je vais vous expliquer pour quelle raison ». Toute mon intervention s’est concentrée sur son explication, ignorant volontairement les prémisses. Quelqu’un qui dit « La glace prends feu à 100°C » doit pouvoir montrer que cela arrive avant de commencer à théoriser sur une explication.
Comme je l’ai déjà dit, les prémisses ont déjà été formellement réfutées il y a plusieurs mois et Bernard refait ici le même raisonnement invalide concernant la même étude alors qu’il s’est révélé incapable de réfuter l’argument la première fois.
Bernard propose une explication à un problème dont il ne peut prouver l’existence. La réfutation tenait en quelques mots: C’est de la science de contes de fées.
Et maintenant ?
J’aurais aimé continuer l’expérience plus longtemps, malheureusement après une déconnexion et un hiatus de quelques jours, l’été s’est subitement terminé et l’actualité a redémarrée de plus belle, bronzée et pleine d’énergie. Bernard peut débattre seul pendant des semaines, il y a donc beaucoup de retard à rattraper. Je vais peut-être poursuivre un peu, mais sans le même entrain.
Intellectuellement je comprends l’attrait de vouloir gagner un débat coûte que coûte, quitte à faire preuve de malhonnêteté intellectuelle, mais c’est un peu facile et ça ne profite qu’à une personne. Je trouve beaucoup plus motivante ma propre démarche. La science est, littéralement, la connaissance du monde qui nous entoure. Elle profite à tous, même à ceux qui n’y croient pas.
Initiative Rationnelle, merci.
Merci à vous.
C’est à dire vous.
C’est ce que je voulais dire.