Biais et erreurs: Sources maltraitées, Double standard.
Un parfait exemple de trahison des sources et d’aveuglement irrationnel.
Bernard Guennebaud se présente comme mathématicien. Il a de nombreuses théories à propos de nombreux sujets, qui tournent tous autour des vaccins.
Si vous êtes sur internet, si vous lisez quelque choses ayant peu ou prou attrait aux vaccins, vous tomberez forcément sur un commentaire de Bernard. Il parlera variole. Il dira que si la variole a été éradiquée, le vaccin n’en est pas la cause. Parce que le vaccin est inefficace.
Cet argument est en contradiction avec un consensus établi qui indique que le vaccin est efficace même s’il est administré jusque dans les trois à quatre jours qui suivent l’infection. Mais pour Bernard, et il l’affirme un peu partout sur internet, c’est un mensonge que les autorités connaissent mais refusent d’admettre (il y a donc complot) et cet argument tient une place centrale dans son discours..
Pour ce qui est de la vaccination des contacts, s’il est exact qu’il fut martelé qu’elle était efficace dans les 4 jours qui suivaient le contage, il a été démontré en 2008 par Earl, en expérimentant sur des singes, qu’il n’en était rien, bien au contraire: la vaccination étant pratiquée 4 jours avant la contamination (dose mortelle à 50%), les vaccinés se comportent déjà moins bien que les témoins non vaccinés. Alors 4 jours après !
http://pediablogdlh.blogspot.fr/2014/10/variole-ebola-meme-combat.html?showComment=1414955932977#c7593076000493078817
Certes les contacts étaient aussi vaccinés et cette vaccination était, sans preuves, affirmée efficace dans les 4 jours qui suivaient le contage. Sans preuve car cela a été démontré faux sur des singes en 2008 par Earl : même vaccinés 4 jours avant la dose épreuve mortelle à 50% les témoins non vaccinés résistent mieux que les vaccinés.
https://www.contrepoints.org/2016/01/15/235486-les-francais-ont-ils-peur-des-vaccins#comment-1192249
Des expérimentations conduites sur des singes en 2005 et surtout en 2008 (Earl) montrèrent, pour le moins, que cette vaccination était inefficace même pratiquée 4 jours avant la dose épreuve (et non pas 4 jours après). Voici la réponse des auteurs à cette affirmation :
« Analysis of historical records suggests that primary vaccination within 4 days after exposure to smallpox is usually protective of serious illness. Because the incubation period preceding systemic smallpox is 2 weeks, it is understandable that Dryvax (un vaccin antivariolique) administered only 4 days before an i.v. challenge would not be protective. »
http://initiativecitoyenne.be/2016/05/des-experts-indiens-s-interrogent-sur-le-programme-de-vaccination.html
Malheureusement, Si Bernard cite si souvent cette phrase, c’est parce qu’il n’en a pas compris le sens, et l’étude dont elle est issue ne dit pas du tout ce qu’il affirme.
Trahison des sources
Cette étude ne porte pas sur la variole, mais sur la variante du singe, monkeypox. Les similitudes sont suffisamment importantes pour que l’auteur se permette de faire des suppositions éclairées concernant la variole, ce qu’il fait dans le corps de l’étude, tout en prenant le soin de préciser ou s’arrête la comparaison.
Que dit cette étude ?
Tout d’abord, indiquons qu’il s’agit d’une étude comparée entre « Dryvax », le vaccin historique, et une souche atténuée « modified vaccinia virus Ankara (MVA) ». MVA n’a jamais connu l’épreuve du feu, dirons nous, puisqu’il est postérieur à l’éradication de la variole.
Tout le but de l’étude, consiste à déterminer si on peut améliorer l’intervalle minimum de mise en place de la protection vaccinale en remplaçant Dryvax par MVA.
Conclusion de l’étude: MVA agit plus rapidement que Dryvax sur monkeypox, on peut raisonnablement penser que MVA agit plus rapidement que Dryvax sur la variole.
Et c’est tout, l’auteur ne dit rien de plus.
Que dit Bernard ?
Bernard s’est chargé des suppositions hasardeuses que l’auteur s’était abstenu de faire.
Jamais, nulle part, l’auteur n’insinuera que parce qu’il faut 6 jours pour constater une immunité efficace sur monkeypox cela veut dire qu’il en faut 6 également pour la variole. Toutes les affirmations chiffrées (4 jours avant la dose épreuve, 4 jours après, …), qui concernent monkeypox et que Bernard transpose abusivement à la variole sont sans aucun fondement.
Pourtant, l’étude le dit, on ne peut pas faire ce que Bernard vient de faire :
« Further comparisons of the MPXV model with human smallpox are difficult in view of the differences between the viruses, host animals, routes of infection, and time to develop disease«
Signalons également que l’étude contredit textuellement Bernard, en entérinant les délais de protection officiellement relevés :
« Historical and anecdotal evidence from the smallpox eradication campaign suggests that the conventional vaccine can confer protection if administered a few days after exposure to variola virus during the 1–2 week incubation prodrome (1, 30). »
Le fait que Bernard choisisse d’ignorer la partie de l’étude qui le contredit, pour ne conserver que la partie qu’il pense être à son avantage, est un exemple de double standard.
Intéressons nous maintenant au smoking gun, la fameuse citation qui prouverait ce qui est contredit par littéralement tout le reste :
« Analysis of historical records suggests that primary vaccination within 4 days after exposure to smallpox is usually protective of serious illness. Because the incubation period preceding systemic smallpox is 2 weeks, it is understandable that Dryvax (un vaccin antivariolique) administered only 4 days before an i.v. challenge would not be protective. »
Bernard n’a tout simplement pas compris la phrase: Nulle part, dans ses nombreuses tentatives de traduction, Bernard ne remarquera que la citation parle d’une administration en intra-veineuse. Combiné à la différence de temps de propagation de la maladie pointée par l’auteur de l’étude, il en résulte une période d’incubation complètement différente (6 jours au lieu de 14 pour la variole). Il n’est donc pas étonant que le vaccin n’ait pas le temps d’agir. Tout ceci est très logique, l’auteur de l’étude le note, c’est la fameuse citation de Bernard.
L’auteur dit quelque chose comme « Le virus est injecté en intra-veineuse, tu m’étonnes que le vaccin ait pas le temps d’être efficace dans ces conditions », ce que Bernard traduit par « le vaccin est inefficace, c’est l’auteur de l’étude qui le dit ! »:
Ci-dessous, une description graphique de ce non événement monté en épingle :
A tous points de vue, on constate que Bernard fait dire à cette étude ce qu’elle ne dit pas.
Ces affirmations sont infondées.
Si vous lui posez la question Bernard ne vous répondra pas. En revanche il vous montrera tous les endroits ou il pense qu’il ne s’est pas trompé.